Friday, June 21, 2013

Burgundy Jazz Launch, 19 June 2013, Montréal

Press conference Burgundy Jazz at the Cultural Centre Georges-Vanier
Conférence de presse Jazz Petite-Bourgogne au Centre culturel Georges-Vanier

Press conference Burgundy Jazz at the Cultural Centre Georges-Vanier
Conférence de presse Jazz Petite-Bourgogne au Centre culturel Georges-Vanier

MAQ "Mario Allard Quintet"

Oliver Jones

Carlton Baird & David Eng

           Ethel Bruneau Dance School

Andy Williams

Katarina Soukup, Oliver Jones & David End

Glenn Bradley

The "Burgundy Jazz Quartet"

 photos by Susan Moss

Monday, June 17, 2013

Les francophones et le jazz: en conversation avec Eric Fillion-Entrevue


En vue du lancement du web-documentaire Jazz Petite Bourgogne en juin, cette série d'entrevues expose la vision de créateurs du projet, en plus de partager l'enthousiasme d'acteurs de la scène musicale et du domaine des médias. Entretien jazzé avec Eric Fillion,  étudiant au doctorat en histoire de l'Université Concordia, collaborateur à la revue de cinéma Hors champ et fondateur de l'étiquette de disques Tenzier.


À quel moment les musiciens québécois francophones se sont-ils appropriés le jazz, une musique étroitement liée à l'histoire de la communauté noire de Montréal?
Il y a déjà dans les années quarante et cinquante des musiciens francophones qui s'intéressent au jazz. Il existe d'ailleurs à l'époque des boîtes de jazz au centre-ville et un peu plus à l'est de Montréal. Le quartier La Petite-Bourgogne est toutefois bien particulier puisque c'est là que se trouvaient les cabarets fréquentés par la communauté noire et de grands noms du jazz, comme le Rockhead's Paradise ou le Café St-Michel. Les musiciens des autres quartiers se rassemblaient dans ces clubs après la fermeture des autres cabarets de ville pour participer à des jam-sessions qui duraient toute la nuit. Ils pouvaient se livrer à l'expérimentation comme nulle part ailleurs.

Eric Fillion
Qu'est-ce qui a signé la fin de l'âge d'or du jazz?
Il y a une convergence de facteurs qui changent les conditions de vie des musiciens de jazz à la fin des années 1950. Il devient difficile de « survivre » dans ce milieu sans une carrière professionnelle en studios, par exemple. À cette époque, la télévision s'impose dans les foyers et le Québec connait un ralentissement économique. Les gens sont alors moins enclins à sortir et à payer pour voir un spectacle. Après une période d'effervescence à la fin de la Seconde Guerre, le jazz est victime du désintérêt du public avec l'arrivée du rock and roll. De plus, lorsque Jean-Drapeau est élu maire en 1954, il met en place une campagne répressive pour nettoyer la ville de la corruption et du vice. Il ordonne que les bars ferment plus tôt et, inévitablement, cette nouvelle loi participe à tuer la vie nocturne dont dépendent les musiciens de jazz.

N'est pas à cette période qu'une nouvelle génération de Québécois se tourne vers le jazz pour revendiquer l'identité nationale?
Il faudra attendre encore quelques années avant que se fasse véritablement un rapprochement entre l'expérience afro-américaine et l'expérience québécoise. Ce n'est qu’au tournant des années cinquante et soixante qu'on voit apparaitre le concept de Nègres blancs d'Amérique, autour de littéraires comme Patrick Straram ou Yves Préfontaine avec les émissions de radio Jazz-Sortilège et Les Orphées noirs dans laquelle on fait la lecture d'oeuvres de poètes noirs, entrecoupée d'interprétations jazz de Serge Garant. Pour ces Québécois, le jazz est cette musique qui permet d'embrasser une certaine américanité sans pour autant se soumettre à l'impérialisme américain, puisque le jazz est une musique en réaction à la culture dominante.

Le jazz n'a-t-il pas d'ailleurs habillé plusieurs films québécois durant la Révolution tranquille ?
Le chat dans le sac, de Gilles Groulx est un exemple intéressant. C'est à John Coltrane qu'on doit la bande-son. Celle-ci est composée de pièces qui faisaient déjà partie du répertoire de Coltrane, mais il s'agit néanmoins d'interprétations originales, comme l'a fait Ornette Coleman pour le court-métrage d'animation de Pierre Hébert, Explosion démographique. Je pense aussi à La femme image de Guy Borremans. C'est entre autres Bobby Jaspar et René Thomas guitariste belge et véritable pilier de la scène jazz de la fin des années cinquante –, qui ont signé la bande-son de ce film de fiction un peu surréaliste.

Quelle est l'origine de ton intérêt à la fois historique et personnel pour le jazz?
À l'adolescence, je me passionnais pour les musiques lourdes, très rapides, que beaucoup vont qualifier de bruits. Ça a été ma porte d'entrée dans le jazz. D'abord avec le free jazz ; non pas celui d'Ornette Coleman, mais plutôt celui de Peter Brötzmann sur son album Machine Gun. Je me rappelle d'ailleurs qu'à l'époque, j'avais des disques de punk hardcore dont le son se rapprochait beaucoup de la façon dont le batteur Sunny Murray joue. Par la suite, j'ai développé mon oreille et j'ai commencé à apprécier d'autres styles de jazz, comme le be-bop. Ce qui m'a surtout séduit dans le free jazz, c'est la prise de position politique de musiciens comme Archie Shepp ou du Quatuor de jazz libre du Québec qui font une musique de révolution. Leur pratique musicale libre et soutenue, indépendante des préceptes économiques, me parle beaucoup. Mon intérêt pour ce style de musique est donc venu de ses sonorités, mais aussi du sentiment de partager des affinités politiques.

Wednesday, June 12, 2013

Jazz friends: in conversation with saxophonist Dave Turner and long-time Little Burgundy resident Antoine Maloney


Leading up to the launch of the Burgundy Jazz interactive documentary in June, this series of interviews aims to explore the project creators’ vision, as well as reach out to key members of Montreal’s jazz and interactive communities. We sat down with friends Antoine Maloney and Dave Turner. While Antoine wears many hats as an IT Strategist & Developer, film buff, and lover of jazz and community history; Dave Turner is an accomplished Saxophonist, composer, and professor at Concordia’s Jazz Studies program.

 
Antoine Maloney and Dave Turner
Antoine, what was your experience of the jazz scene in Montreal in the 60s and early 70s?
I grew up in Brooklyn, listening to records and going to big shows, like the Newport jazz festival in ‘65. When I moved back to Montreal in ‘67, I bought a place in Little Burgundy, and discovered all these great clubs within a couple blocks of my place. Black Bottom was a regular hangout of mine at the time, where I got to hear great musicians like Charlie Biddle and Nelson Symonds. It was my first experience of a small club, where the musicians were right there, so much more exciting and intimate than the big festivals.  

Dave, how did you first get into jazz music?
I’ve loved jazz since I was 5 years old, I’d listen to Louis Armstrong and Fats Waller on the radio, and just got hooked, bit by bit. With the saxophone, I’m essentially self-taught, I only started playing when I was 20. There weren’t any jazz programs in universities yet, Concordia was the first program established in Canada in 1976. My experience of sneaking underage into clubs like La Bohème to see musicians like Nelson Symonds, Norm Villeneuve or Charlie Biddle was also a huge influence. I would bring my friends who were into Jimi Hendrix or Eric Clapton. They would initially complain about going to a “boring jazz” show, but by the end of the night they were always hooked.

We've heard a lot about Nelson Symonds, who led the band at the Black Bottom. What was he like, as a performer and fellow musician?
Antoine: If you sat with Nelson with any length of time, he would start talking about sports or jazz. His mind was like a sealed trap, he remembered everything in detail. He had an incredible talent for recounting stories, like one of the times Miles Davis was playing in Montreal. Musicians playing at the uptown clubs would often go the Black Bottom at the end of their shows. According to Nelson, Miles Davis showed up one night at the Black Bottom just as the musicians had gone on a break. He said, “Come on, I just showed up!  I want to sit in with you guys!” But Nelson and the other musicians stuck to their break schedule. So they headed around the corner to Whitey's Hideaway. Miles very grumpy at this point, as he usually was. They walk in, and Miles had a look at the juke box, which the owner Bob White always had stocked with the latest jazz 45s from New York. Miles noticed that many of his recordings were in the juke box, finally lifting his mood, and he bought a bottle of booze for everyone to share, so the night ended well.

Dave: I first got to know Nelson by just going to see his shows, I wasn’t even playing music yet. Once I was more established as a saxophone player I had the chance to play and record with him. Although he was a very accomplished guitarist, recording made him nervous. When we did the “Thank You For Your Hospitality” album together in 1995, we recorded over the course of an entire weekend. Nelson eventually forgot that we were recording and was able to play naturally, so we had a lot of material to choose from in the end. I also got the chance to know his family in the Maritimes, they are all musical in some way, playing banjos and ukuleles and fairs and travelling shows. His entire life he was always saying “I’m not ready yet”, when in reality he was an incredibly talented musician, and a great group player.

Dave, how would you say the landscape for a young musician today compares to when you were starting out?
It’s completely changed. You used to be able to get steady gigs at restaurants, clubs and hotels, playing four or five nights a week. It wasn’t always jazz, but you could make a living with it. When I was getting started, all the hotels had live bands, the Queen Elizabeth for example, used to have a 12-piece band playing six nights a week. Today students need to have a different kind of steady job to get started, or busk; you can’t get by on only music at the beginning. On the other hand, students have so many programs to choose from today, whether at Concordia, McGill, Université de Montréal, UQAM, Université de Sherbroke, or Université Laval. So jazz is far from dead, you just have to be more creative to make a living at it.

Saturday, June 8, 2013

Jazz à Montréal: en conversation avec Robin Bruneau


En vue du lancement du web-documentaire Jazz Petite-Bourgogne en juin, cette série d'entrevues expose la vision de créateurs du projet, en plus de partager l'enthousiasme d'acteurs de la scène musicale et du domaine des médias. Entretien jazzé avec Robin Bruneau, propriétaire du club de jazz montréalais Dièse Onze.


Dièse Onze
Quels styles de jazz peut-on entendre au Dièse Onze?
On y accueille vraiment des musiciens de tous les styles, que ce soit de jazz manouche, de Dixieland et d'influences new-yorkaises. Il y a, à Montréal, beaucoup de très très bons musiciens, si on compare avec l'Europe ou même New York. Et des petits lieux de spectacle comme le Dièse Onze (il y en a d'autres aussi) leur permettent de se produire. Car la mission du Dièse, c'est de faire jouer les musiciens qui ne jouent pas assez. Il peut s'agir de musiciens chevronnés comme Yannick Rieu qui joue du jazz depuis plus de 30 ans et qui s'y produit deux fois par mois. Ou encore, tous les mardis, d'un combo de jazz de l'Université de Montréal : de jeunes étudiants que l'on place en situation de concert devant une vraie clientèle.

Qu'est-ce qui caractérise la scène musicale montréalaise actuelle?
Beaucoup de musiciens passent leur baccalauréat à Montréal et vont par la suite se perfectionner à New York. On sent donc une forte influence new-yorkaise chez les plus jeunes. Et j'y reviens, mais ce qui caractérise la scène montréalaise, c'est l'abondance de musiciens qu'on y trouve. Il y a très peu de villes en Europe, par exemple, qui comptent quatre universités qui offrent une formation de jazz jusqu'à la maîtrise. Montréal est une remarquable pépinière de musiciens.

Robin Bruneau
Dans les années 1940, les cabarets du quartier La Petite-Bourgogne ont vu défiler de grands jazzmen. Y a-t-il des musiciens de renoms qui sont produits plus récemment au Dièse Onze?
De temps à autre, je fais venir des musiciens qui sont plus connus. Dernièrement, on a reçu Marc Copland. Et on a déjà eu David Binney, un saxophoniste assez en vogue à New York. Cependant, il ne s'agit pas de la mission du Dièse Onze que d'aller chercher de grands noms. Il existe d'autres clubs qui travaillent avec des musiciens internationaux, comme l'Upstairs. Comme on trouve déjà à Montréal une abondance de musiciens de talent, il me semble essentiel de faire d'abord travailler ceux-ci. Néanmoins, bon nombre de ceux qui passent au Dièse ont une réputation qui dépasse nos frontières. Je pense à François Bourassa, à Jean-Pierre Zanella ou encore à Yannick Rieu que j'ai nommé plus tôt. Ces musiciens font des tournées internationales en Europe, jusqu'en Chine... On connaît souvent bien mal les artistes d'ici.

Le jazz a connu ses heures de gloire à Montréal dans les années 1940. Croyez-vous que sa popularité est aujourd'hui en baisse?
Je crois que le jazz ne se démodera jamais, un peu comme la musique classique. Toutefois, il est nécessaire de faire des efforts pour recréer l'effervescence d'autrefois. Je suis de ceux qui pensent qu'il faut qu'il y ait plus de clubs de jazz, car je crois que c'est l'offre qui va créer la demande.

Avez-vous l'impression que certains musiciens vivent de nostalgie en retournant à d'anciens styles, au swing par exemple?
Il est vrai que le swing est un courant très à la mode on fait même maintenant de l’électro-swing. Mais pour la plupart des musiciens, ces projets musicaux sont plus « alimentaires » que personnels. Ce courant nostalgique provient plutôt d'un mouvement populaire. Je crois au contraire que la majorité des musiciens ont une vision très moderne du jazz : une musique qui a énormément évolué avec le temps et avec son temps.

A meeting of minds - in conversation with Katarina Soukup and Jacques Charette


Leading up to the launch of the Burgundy Jazz interactive documentary in June, this series of interviews aims to explore the project creators’ vision, as well as reach out to key members of Montreal’s jazz and interactive communities. We sat down with Producer Katarina Soukup, President of Catbird Productions, and Jacques Charette, President of the Board at the Georges-Vanier Cultural Centre.
  

How did you first meet and begin collaborating?
Katarina: It was at the Rencontres Internationales du Documentaire du Montréal (RIDM) four years ago. Jacques overheard me talking about the “Lost Rivers” interactive documentary that I was producing, and introduced himself. With his background in real estate, he knows a lot about Montreal’s underground rivers, and offered to contribute to the project.
Jacques: I know about them (rivers) because they run beneath my properties!

Jacques Charette and Katarina Soukup
How did the idea of Burgundy Jazz take off?
Katarina: We were out for friendly lunch and started talking about Jacques’ older jazz musician neighbours in Little Burgundy. Everyone has heard of Oliver Jones and Oscar Peterson, but we wanted to capture a broader picture of oral history and lived experience, showcasing not only a few stars, but an entire community. Jacques came up with the initial synopsis for the project. For nine months, I pitched it as a traditional documentary, but didn’t get that much traction. Then it clicked – this was a perfect opportunity to create geo-localised and interactive content for web and iPhone. There was immediate interest in this concept, and Radio-Canada quickly got on board as a principal partner.

What inspires you about the arts in Little Burgundy?
Jacques: I always knew that I wanted to work in the arts. Not directly in making art, but in promoting my neighbourhood, an area that Montrealers have largely undermined over the years. It began with a real estate client of mine who was an arts liaison director in the neighbourhood. This led me to found Quartier du Canal, an organisation to give a voice to merchants in Little Burgundy, Griffintown and St-Henri, then finally to my role today as President of the Georges Vanier Cultural Centre. I have championed the Burgundy Jazz project since its inception, as it fits perfectly with the Centre’s broader mission of celebrating our local culture, giving a voice to residents, and being open to the community.

What was the personal connection that drove you to embark on this project?
Kat: I’ve always been a lover of urban history. My graduate studies were about memory, lived experience and oral history. So when this opportunity came up to explore such an exciting time in Montreal’s past that has largely gone unnoticed, I was immediately intrigued. Since many of the buildings of these great jazz clubs have been bulldozed, the neighbourhood has lost some its original cachet. I also felt it was important to honour and celebrate the point of view of black community, to recognize their contribution to Montreal’s current vibrancy, and active music scene. None of this would have been possible without Jacques. He was essential to getting traction in neighbourhood; it’s been a wonderful collaboration.