Friday, June 7, 2013

Web-documentaire Jazz Petite Bourgogne : conversation avec Pierre-Mathieu Fortin


En vue du lancement du web-documentaire Jazz Petite-Bourgogne en juin, cette série d'entrevues expose la vision de créateurs du projet, en plus de partager l'enthousiasme d'acteurs de la scène musicale et des médias interactifs. Entretien jazzé avec Pierre-Mathieu Fortin, chef de la création originale, Internet et Services numériques, à la Société Radio-Canada.


Pierre-Mathieu Fortin
À titre de diffuseur, qu'est-ce qui vous a séduit dans ce projet?
Jazz Petite-Bourgogne est un projet qui cadre bien avec les différents axes de contenu de la Société Radio-Canada. Il repose à la fois sur une approche documentaire, musicale, sociale et historique. Il met en lumière une belle portion de l'histoire de Montréal, plutôt méconnue. Et comme je suis moi-même un grand amateur de jazz, ce projet de web-documentaire m'a séduit dès le départ.

Quels sont les avantages du web-documentaire en rapport aux médias traditionnels?
Le documentaire est d'abord et avant tout un genre qui s'adresse aux gens curieux. La fonction interactive me semble primordiale pour ce genre puisqu'elle nous offre la possibilité de fouiller un sujet. Par exemple, le volet visite guidée de Jazz Petite-Bourgogne nous permet de découvrir le documentaire sur les lieux mêmes de l'histoire. Le web-documentaire sollicite tous les sens et offre un contenu très riche qui dépasse de loin celui d'un documentaire télé. Il nous permet d'explorer à notre propre rythme. Certains peuvent le visualiser de façon linéaire. D'autres peuvent dessiner leur parcours à leur façon, ou encore revenir à certaines portions du contenu vidéo qui auraient peut-être défilé trop vite dans un format traditionnel.

Qu'est-ce qui vous a le plus interpellé dans l'histoire que nous raconte Jazz Petite-Bourgogne ?
On connaît bien l'histoire des Québécois francophones de souche, mais bien peu celle du peuple noir dans la province. Jazz Petite-Bourgogne est une belle porte d'entrée pour la découvrir. C'est intéressant de voir, par exemple, comment la prohibition aux États-Unis a favorisé l'explosion du jazz au pays dans les années 1920; de découvrir comment l'ouverture du Québec aux autres a contribué à la migration de la population noire et a favorisé l'éclosion d'une culture bien particulière.

Montréal a été une capitale du jazz jusqu'aux années 1960. À votre avis, pourquoi sa scène musicale est-elle toujours aussi dynamique aujourd'hui?
Montréal à la fois une terre d'accueil et une ville ouverte aux différentes manifestations culturelles, que ce soit dans les domaines de la littérature, du théâtre ou de la musique. J'estime que c'est ce qui a toujours été la marque de commerce de Montréal, et on le voit bien dans Jazz Petite-Bourgogne. C'est la curiosité envers l'autre qui fait d'une ville une plaque tournante culturelle et le berceau de nouvelles formes d'expressions artistiques.

Qu'est-ce qui vous appréciez dans la musique jazz?
À l'origine, c'était une musique d'improvisation, faite par et pour les musiciens, et qui a par la suite séduit le public.  Le jazz a longtemps été une musique de marginaux, qui a suivi certains courants littéraires. Je pense entre autres aux écrivains Beat, comme Jack Kirouac et William S. Burroughs. Le jazz possède cette même liberté de forme que leurs écrits. Personnellement, j'aime cette expression de la pensée et de l'imaginaire sous cette forme musicale. J'écoute Herbie Hancock en ce moment et je suis également un grand admirateur de Miles Davis même dans sa période fusion; j'aime ce mélange de jazz et de rock de Bitches' Brew et de In a Silent Way des années 1970. C'est une période qui me plait beaucoup, mais qui plait sans doute moins à mes voisins!

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