En vue du lancement du web-documentaire Jazz
Petite-Bourgogne en juin, cette série d'entrevues expose la vision de
créateurs du projet, en plus de partager l'enthousiasme d'acteurs de la scène
musicale et des médias interactifs. Entretien jazzé avec Pierre-Mathieu
Fortin, chef de la création originale, Internet et Services numériques, à
la Société Radio-Canada.
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Pierre-Mathieu Fortin |
À
titre de diffuseur, qu'est-ce qui vous a séduit dans ce projet?
Jazz
Petite-Bourgogne est un projet qui cadre bien avec les différents axes
de contenu de la Société Radio-Canada. Il repose à la fois sur une approche
documentaire, musicale, sociale et historique. Il met en lumière une belle
portion de l'histoire de Montréal, plutôt méconnue. Et comme je suis moi-même
un grand amateur de jazz, ce projet de web-documentaire m'a séduit dès le
départ.
Quels
sont les avantages du web-documentaire en rapport aux médias traditionnels?
Le
documentaire est d'abord et avant tout un genre qui s'adresse aux gens curieux. La fonction interactive me semble primordiale pour
ce genre puisqu'elle nous offre la possibilité de fouiller un sujet. Par
exemple, le volet visite guidée de Jazz Petite-Bourgogne nous permet de découvrir le documentaire sur les lieux mêmes
de l'histoire. Le web-documentaire sollicite tous les sens et offre un contenu
très riche qui dépasse de loin celui d'un documentaire télé. Il nous permet d'explorer à notre propre rythme. Certains peuvent le
visualiser de façon linéaire. D'autres peuvent dessiner leur parcours à leur
façon, ou encore revenir à certaines portions du contenu vidéo qui auraient
peut-être défilé trop vite dans un format traditionnel.
Qu'est-ce qui vous a le plus interpellé dans
l'histoire que nous raconte Jazz Petite-Bourgogne ?
On connaît bien l'histoire des Québécois francophones de
souche, mais bien peu celle du peuple noir dans la province. Jazz
Petite-Bourgogne est une belle porte d'entrée pour la découvrir. C'est
intéressant de voir, par exemple, comment la prohibition aux États-Unis a
favorisé l'explosion du jazz au pays dans les années 1920; de découvrir comment
l'ouverture du Québec aux autres a contribué à la migration de la population
noire et a favorisé l'éclosion d'une culture bien particulière.
Montréal a été une capitale du jazz jusqu'aux années
1960. À votre avis, pourquoi sa scène musicale est-elle toujours aussi
dynamique aujourd'hui?
Montréal à la fois une terre d'accueil et une ville ouverte
aux différentes manifestations culturelles, que ce soit dans les domaines de la
littérature, du théâtre ou de la musique. J'estime que c'est ce qui a toujours
été la marque de commerce de Montréal, et on le voit bien dans Jazz
Petite-Bourgogne. C'est la curiosité envers l'autre qui fait d'une ville
une plaque tournante culturelle et le berceau de nouvelles formes d'expressions
artistiques.
Qu'est-ce qui vous appréciez dans la musique jazz?
À l'origine, c'était une musique d'improvisation, faite
par et pour les musiciens, et qui a par la suite séduit le public. Le jazz a longtemps été une musique de
marginaux, qui a suivi certains courants littéraires. Je pense entre autres aux
écrivains Beat, comme Jack Kirouac et William S. Burroughs. Le jazz
possède cette même liberté de forme que leurs écrits. Personnellement, j'aime
cette expression de la pensée et de l'imaginaire sous cette forme musicale.
J'écoute Herbie Hancock en ce moment et je suis également un grand admirateur
de Miles Davis – même
dans sa période fusion; j'aime ce mélange de jazz et de rock de Bitches'
Brew et de In a
Silent Way des années 1970. C'est une période qui me plait
beaucoup, mais qui plait sans doute moins à mes voisins!
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